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Un héros aux yeux bandés se joint à la lutte pour sauver le mammifère le plus clandestin du monde, un fourmilier insaisissable connu sous le nom de pangolin. Un organisme belge à but non lucratif entraîne des rats de très grande taille à détecter les pangolins sortis clandestinement d'Afrique.
«Ours fourmi»
Originaire d'Afrique et d'Asie, le pangolin ressemblant à un artichaut est protégé par de grandes plaques en kératine, la même protéine que celle trouvée dans la corne de rhinocéros et ses ongles. Les animaux sont sans dents et utilisent leur longue langue collante pour se régaler de fourmis et de termites, ainsi que de pierres facilitant la digestion. S'ils sont menacés par des prédateurs, leur seule défense est de rouler dans une balle.
Le commerce des pangolins faciles à capturer est rapide; la demande pour leurs écailles dépasse maintenant celle des défenses d'éléphant ou des cornes de rhinocéros. Ils font l'objet d'un trafic à la fois pour leur viande - considérée comme un mets délicat dans certaines régions d'Afrique et d'Asie - et pour leurs écailles utilisées en médecine traditionnelle pour traiter des affections allant de l'inflammation à la possession démoniaque. Aucune preuve scientifique ne soutient ces allégations "médicinales".
Malgré les protections mondiales, le nombre de pangolins a chuté de 90%. L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) estime qu'un pangolin est prélevé dans la nature toutes les cinq minutes, ce qui représente une perte de plus d'un million d'animaux au cours de la dernière décennie seulement. Étant donné que chaque animal ne donne naissance qu'à un seul petit par an, ce niveau de récolte est insoutenable.
Rats géants
Dans un centre de recherche en Tanzanie, l'APOPO, une organisation belge à but non lucratif, forme un groupe de rats d'élite - des rats gambiens géants en poche - à la recherche des pangolins victimes de la traite. Bien qu'il ne soit pas assez grand pour monter à cheval, le rat endémique d'Afrique de plus de 2 livres est presque cinq fois plus grand que votre rat moyen de New York. Leur vue est terrible, mais ils ont un renifleur qui ferait honte à beaucoup de limiers.
C’est cette prouesse olfactive qui a permis de soutenir l’utilisation des rats pour traquer les animaux faisant l’objet d’un trafic. Et parce que ces rats détecteurs d'odeurs sont nettement plus petits et plus agiles que leurs homologues canins, ils peuvent naviguer en toute sécurité dans des espaces restreints, y compris à l'intérieur des conteneurs de fret et d'expédition.
Enlèvement de mines
L’entraînement de ces rats détecteurs de pangolin ne sera pas le premier rodéo pour rongeurs d’APOPO. Depuis plus de 20 ans, leurs «HeroRATS» sauvent des vies humaines en Asie et en Afrique, détectant les mines terrestres dans les pays sortant d'un conflit. Au Cambodge - le deuxième pays du monde le plus touché par les mines, où une personne sur 290 est amputée des mines - des rats entraînés apprennent à détruire des champs de mines notoirement sympathiques, les «Magawa» et à rendre les terres sûres pour le développement. Un rat peut fouiller un champ de mines de 200 mètres carrés en 20 minutes; un technicien en déminage humain muni d'un détecteur de métal aurait besoin d'un à quatre jours pour couvrir le même terrain. De plus, Mgawa et ses compatriotes peuvent détecter la TNT à une distance de plus de 3 pieds, même s’ils sont enfouis sous terre. Et bien qu’ils soient «géants» au regard des rats, les animaux sont trop légers pour déclencher les mines, aussi aucun rat n’est blessé ni tué lors des opérations de déminage.
Détection de maladie
Plus récemment, APOPO a formé avec succès des rats à la détection de la tuberculose, une maladie qui détruit les poumons humains et est fatale si elle n'est pas traitée. À l'échelle mondiale, la tuberculose est la principale cause de décès par maladie infectieuse, faisant plus de 1,5 million de vies par an, dont un quart en Afrique. Les rats détectant la maladie peuvent analyser cent échantillons de toux et de cracher en 20 minutes; un exploit qui prendrait un technicien jusqu'à cinq jours en utilisant la microscopie conventionnelle. Et les rats détectent environ 70% des cas, un taux de réussite 50% supérieur à celui des méthodes conventionnelles.
Approches pionnières
Depuis le début d’APOPO en 1997, leurs «HeroRATS» ont contribué à la destruction de 106 374 mines et ont identifié 12 206 patients atteints de tuberculose.
À la fin de 2016, APOPO s’est associé au Endangered Wildlife Trust d’Afrique du Sud pour tester les capacités de leurs rats à détecter la peau et les écailles de pangolin extrêmement piquantes, ainsi que l’ébène africaine et d’autres bois feuillus en voie de disparition. En cas de succès, le US Fish & Wildlife Service, l’un des bailleurs de fonds du projet, espère pouvoir déployer ces équipes à moustaches pour contrôler les cargaisons dans des ports africains et asiatiques très fréquentés. En fin de compte, les rats pourraient un jour être utilisés pour lutter contre d'autres types de trafic illégal d'espèces sauvages, notamment la contrebande d'ivoire d'éléphant et de corne de rhinocéros.